
Peu de domaines auront autant préparé le terrain pour l’arrivée de l’IA.
Il y a un siècle, Le Corbusier, Walter Gropius et Adolf Loos imposaient une nouvelle architecture, brisant les codes traditionnels, selon plusieurs préceptes :
– Rejet des ornements, pour une architecture fonctionnelle et globalisée, marquant la fin des décorations symboliques,
– Un idéal de progrès et d’égalité, transcendant les identités culturelles pour un avenir rationnel, post-Première Guerre mondiale.
Depuis, le métier d’architecte s’est retrouvé toujours plus contraint :
– Multiplication des normes,
– Généralisation des logiciels de modélisation (CAD), corsetant la créativité par rapport au dessin à main levée,
– Délais toujours plus courts, pressions économiques,
– Une corporation à l’idéologie dominante bornée au fonctionnalisme, et qui refuse tout retour en arrière.
Le contemporain a – parfois – sa part artistique, mais elle reste timorée, triviale, souvent déconnectée du lieu et de l’usage. Un “art” difficile à distinguer d’un algorithme, réduit à du paramétrage géométrique couplé à de la variabilité voire du chaos.
Ce qui pose une menace existentielle : qui, de l’humain ou de la machine, résoudra le mieux un cahier des charges ? Qui sera le plus rapide, le moins cher ?
Pourtant, l’architecture est bien plus. Art démocratique, elle s’offre à chaque promeneur, quelle que soit sa condition. Nos villes et nos yeux méritent mieux que des alignements de cahiers des charges concrétisés.
Eugène Viollet-le-Duc l’avait prédit dans ses entretiens : rester en dehors du mouvement imprimé aux lettres, aux sciences et à la philosophie, c’est se condamner à une mort certaine.
Sans sursaut, l’architecture sera condamnée par la machine.
Que faire alors ?
C’est l’essence de Regard Naïf : promouvoir une créativité qui façonne nos civilisations par des messages accessibles, ancrés dans nos racines et nos imaginaires, et pensés pour nous reconnecter à notre humanité, avec nos sensibilités, cultures et identités
D’autres initiatives, comme Pour une Renaissance Urbaine, cherchent à rassembler architectes, urbanistes et intellectuels pour réhumaniser la ville et promouvoir le beau. Pour que le métier d’architecte retrouve ses lettres de noblesse.
